par | Déc 23, 2024 | Partage, Réflexions

On nous demande souvent si Saniia peut répondre efficacement aux défis spécifiques à tel ou tel hôpital, comme améliorer la qualité des soins, offrir un retour sur investissement mesurable ou redonner du temps aux soignants. Pour nous, la réponse est évidente, mais l’est-elle vraiment ?

Demandons aux experts ce qu’ils en pensent…

La plus grosse difficulté est d’accepter le changement que cette technologie engendre, notamment au niveau des façons de travailler de chacun

Dr A. Maisonneuve

Chef de service des Urgences CHV

Dr. Antoine MAISONNEUVE

Dr. Antoine MAISONNEUVE

Chef de services des Urgences / vice-chef pôle 5 - CH Valenciennes

Chef de service des Urgences du CHV depuis 2011 et vice-chef du pôle Urgences-Réanimation-Anesthésie-Médecine Polyvalente-USMP, le Dr Antoine Maisonneuve est bien conscient des difficultés auxquelles les services d’Urgences sont confrontés et de l’importance de l’organisationnel, qui doit être une force et non un handicap.

Sa volonté constante d’amélioration l’a notamment conduit à développer une expertise en gestion des flux de patients et en solutions informatiques pour améliorer la prise en charge des patients au sein des Urgences.

Cette dynamique a conduit le Dr Maisonneuve à être le premier utilisateur de Saniia en conditions réelles : une solution de Smart Bed Management s’appuyant sur l’Intelligence Artificielle pour connaître le capacitaire effectif en temps réel, améliorer les flux des patients, réduire les temps d’attente, mieux informer, diminuer les interruptions de tâches, redonner du temps aux soignants et améliorer les soins, la Qualité de Vie au Travail (QVT) et la satisfaction​.

Le Centre Hospitalier de Valenciennes (CHV)

Régulièrement cité en exemple, le Centre Hospitalier de Valenciennes (CHV) a une capacité de plus de 1’800 lits, ce qui le positionne parmi les 30 hôpitaux les plus importants de France et le troisième établissement des Hauts-de-France en volume d’activité.

Avec plus de 108’000 passages/an, son service des Urgences constitue un élément-clé de l’établissement support du Groupe Hospitalier de Territoire du Hainaut-Cambrésis (environ 800’000 habitants).

Les questions au Dr Maisonneuve

Comment un chef de service des urgences comme le Dr. Maisonneuve appréhende-t-il Saniia ?

C’est pour répondre à cette interrogation que nous lui avons posé nos questions. Selon notre expérience, plusieurs dimensions clés doivent être prises en considération pour une évaluation pertinente, comme les prédictions et leur fiabilité, la qualité des actions orchestrées ou le ROI mesuré, qu’il soit tangible ou intangible. Le Dr Maisonneuve a bien voulu être le premier à se plier à l’exercice.

Voici ses réponses.

 Prédiction des flux de patients

Selon vous, Saniia peut-elle prédire avec précision le nombre de patients attendus aux urgences et les hospitalisations à venir ?
Dr Antoine Maisonneuve Oui, au bout de 5 ans, on atteint l’objectif que nous nous étions fixé : être aussi précis que possible 48 h à l’avance et à ce jour, on constate que cela fonctionne, et même plutôt bien. Maintenant nous sommes en capacité d’adapter nos ressources en fonction.
Quelle est la fiabilité des prédictions de Saniia ?
Dr Antoine Maisonneuve Tout est relatif, mais en ce qui concerne le CHV, la fiabilité est suffisamment haute pour me permettre d’organiser les ressources en fonction des prédictions, et c’est bien là le plus important.

Optimisation des ressources

Comment Saniia aide-t-elle à optimiser l’utilisation des lits et du personnel soignant ?
Dr Antoine Maisonneuve La prédiction permet d’alerter les services d’aval sur le capacitaire à prendre en compte pour absorber le flux non programmé en provenance des Urgences. A ce stade, si techniquement cela marche et que Saniia joue bien son rôle, nous devons encore améliorer notre organisation pour que cette approche soit mieux prise en considération par les services spécialisés.
Est-ce que Saniia propose des solutions pour mieux répartir les ressources en fonction des pics d’affluence ?
Dr Antoine Maisonneuve Techniquement, c’est le cas et ça marche plutôt bien. Mais la plus grosse difficulté est d’accepter le changement que cette technologie engendre, notamment au niveau des façons de travailler de chacun. Puis, quand les chose se seront stabilisées, il faudra introduire de nouveaux indicateurs de suivi pour nous permettre alors d’évaluer si notre objectif de minimisation du temps d’attente entre l’heure prévue et l’heure réelle de mise en lit, est atteint. La difficulté réside surtout dans l’hétérogénéité des intervenants impliqués, dans leurs habitudes de travailler et dans leur appréhension des contraintes institutionnelles.

Réduction des temps d’attente

Saniia aide-t-elle à réduire les temps d’attente ?
Dr Antoine Maisonneuve On ne sait pas dire avec certitude si Saniia a un impact sur les temps d’attente à ce jour. Nous avons le sentiment que c’est le cas, mais il faut mesurer précisément de quoi il en retourne. Nous sommes en train de mettre sur pied une étude pour analyser cet impact. Dans tous les cas, les temps d’attente aux urgences sont toujours dépendants de facteurs externes (examens des plateaux techniques, avis des spécialistes, disponibilité des lits…). Ces facteurs sont contraints par le volume et donc même si on peut prévoir un flux ou une tension, au moindre pépin, qu’il soit humain ou technique, tout s’embolise. Même si Saniia a un impact probable, Saniia n’est qu’un élément parmi d’autres pour permettre une réduction significative des temps d’attente.
Est-ce que Saniia contribue à réduire les interruptions de tâches ? C’est au final du temps de gagné, non ?
Dr Antoine Maisonneuve Les interruptions de tâches sont un objectif prioritaire pour moi. A l’heure actuelle, le ressenti pour l’instant est encore limité, mais on travaille à le rendre plus prégnant. Il se fera vraiment ressentir avec les parcours individualisés des patients dans lequel nous portons beaucoup d’espoir.  Cette information, générée par Saniia, se veut par nature personnalisée pour le patient tout en respectant les recommandations de la CNIL et du RGPD pour la préservation des données sensibles. Elle est mise à jour toutes les 5 minutes de façon à informer le patient sans qu’il doive interrompre un soignant pour en savoir plus sur lui ou un membre de sa famille. En parallèlle de cette information, avec l’équipe Saniia, on va se focaliser à produire un indicateur fiable permettant d’activer (ou pas) le renfort des effectifs pour absorber plus rapidement le flux à venir, ce qui participera aussi à réduire les interruptions. Ce temps gagné sera probablement limité pour un patient donné. On parle de quelques minutes, comme par exemple quand un patient interpelle un soignant et lui demande des informations qui requièrent de passer un coup de fil pour prendre des nouvelles. Mais ce simple coup de fil va générer a minima deux interruptions d’activité et une simple limitation de ces cas aura déjà beaucoup d’impact. Aussi, avec toutes ces minutes mises bout à bout, sur une année, on arrive à des milliers de minutes qui pourront être consacrées aux soins des patients, ce qui améliorera les temps de prise en charge.

Adaptabilité et intégration

Saniia est-elle compatible avec les systèmes d’information existants de l’hôpital ?
Dr Antoine Maisonneuve Vu de mon prisme, je ne peux pas donner d’avis. Tout ce que je peux dire est qu’entre le moment où nous avons décidé de nous lancer dans Saniia et le moment où la première version était disponible, cela s’est compté en quelques semaines. Toutes les données sont celles que je retrouve dans mon DPI, donc oui, je présume que Saniia est compatible. Et au vu de la qualité des prédictions et des recommandations produites, je ne peux que constater que Saniia fonctionne bien avec les outils informatiques du CHV, et ce de façon transparente et sans impact.
Quelle est la courbe d’apprentissage pour le personnel soignant et administratif ?
Dr Antoine Maisonneuve La courbe d’apprentissage est très rapide. En gros, il faut dix minutes pour intégrer et comprendre le fonctionnement des écrans, puis rapidement on comprend comment interprêter les résultats. Mais le vrai sujet pour moi, c’est surtout de déterminier quelle est la courbe d’apprentissage des patients face aux écrans d’informations générés par Saniia à leur intention. De leur faculté à les comprendre dépend la probabilité de réduire les interruptions de tâches qui affectent le travail des soignants. C’est pourquoi j’accorde une grande attention à ces écrans et m’assure qu’ils répondent bien aux besoins des patients tout en leur offrant un contexte pour transmettre des compléments pédagogiques. A terme et sur le nombre, la répétition des messages pourrait aussi permettre aux patients de mieux appréhender une situation qui ne cesse d’évoluer, ce qui devrait aussi abaisser les tensions. Plus on est informé, moins on s’inquiète, et c’est bien naturel.

 Impact sur la qualité des soins

L’utilisation de Saniia a-t-elle démontré une amélioration de la qualité des soins prodigués aux patients ?
Dr Antoine Maisonneuve De façon indirecte, effectivement, Saniia peut contribuer à améliorer les soins, mais c’est une conséquence indirete et ce n’est pas celle qui est recherchée en priorité.
Y a-t-il des études ou des retours d’expérience qui montrent une amélioration de la satisfaction des patients et du personnel ?
Dr Antoine Maisonneuve Non, pas encore, mais c’est en cours. L’IPA (NDLR: Infirmière en Pratique Avancée) du service des Urgences va travailler avec moi pour faire cette étude. Nous aurons les résultats dans le courant 2025. A suivre donc.

Coûts et retour sur investissement (ROI)

Quel sont les coûts de mise en place et de maintenance de Saniia ?
Dr Antoine Maisonneuve Le coût est très relatif comparé aux bénéfices attendus. Je ne suis pas le mieux placé pour donner des chiffres précis, mais je sais qu’au-delà des coûts de Saniia, il faut aussi ajouter le temps investi par mes équipes, moi-même ou les équipes de la cellule bed management. Toutes ces personnes contribuent à faire évoluer Saniia grâce à leurs « retours terrain » réguliers et aux suggestions d’amélioration qui en découlent. Cette combinaison nous convient car, in fine, elle fiabilise Saniia et lui permet d’évoluer rapidement dans le bon sens.
Quels sont les bénéfices économiques attendus par rapport aux coûts engagés ?
Dr Antoine Maisonneuve Pour moi, les bénéfices sont principalement issus de l’amélioration de la QVT (NDLR: Qualité de Vie au Travail). Grâce aux prédictions, aux recommandations d’allocation de lits, à la génération automatique des parcours ou à la production d’informations destinées aux patient, Saniia permet à mon service de rester attractif et de fidéliser les équipes. Un turnover élevé nécessite de recruter et former du personnel, ce qui implique des heures en « doublon » consacrées à la formation. Pour réduire le turnover, il est essentiel d’améliorer la QVT, et Saniia y contribue significativement. Le gain de temps obtenu en limitant les agendas doublonnés est remis à la disposition de mon équipe, ce qui peut être traduit en valeur financière. Mais au-delà de cela, cela permet aussi de fidéliser les talents. Plus les soignants sont fidélisés, plus ils deviennent compétents et polyvalents, ce qui améliore la qualité des soins et réduit les coûts opérationnels.

Saniia est-elle utile ?

Dr Antoine Maisonneuve Oui, bien entendu, surtout avec les fonctionnalités proposées, comme la prédiction de flux de patients, le décompte du capacitaire non déclaratif ou l’allocation optimale des lits. Toutes les fonctionnalités de Saniia permettent une réduction des temps d’interruption de tâche et une meilleure gestion des lits. Cela ne peut que considérablement améliorer l’efficacité d’un service comme le mien. De même, parce que Saniia permet de mieux appréhender les pics d’affluence et de limiter le stress du personnel, cela améliore la QVT et la satisfaction des patients comme des soignants,. Là encore, cela ne peut que créer de la valeur ajoutée. Donc quand elle est bien utilisée, Saniia génère des bénéfices économiques qui surpassent les coûts opérationnels, ce qui justife sans hésitation l’investissement. Mais est-ce sur 6, 12 ou 18 mois, voire plus ? Ceci dépend surtout de l’établissement et de sa capacité de mise en oeuvre.

Merci au Dr Maisonneuve pour ses réponses à nos questions.

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